dimanche 20 octobre 2013

Session d'entraînement pour Actual à Serre Chevalier

Kito de Pavant et Yves Le Blévec au sommet de l'Aiguillette du Lauzet
Deux semaines avant le départ de la Transat en double Jacques Vabre, les deux équipiers du trimaran de 50 pieds Actual, Yves Le Blévec et Kito de Pavant, favoris de l'épreuve, sont venus s'oxygéner une semaine dans mes montagnes de Serre Chevalier.

L'idée a germé dans l'esprit d'Yves à l'écoute des récits des équipiers de Groupama ou de Sodebo déjà venus peaufiner leur préparation en ma compagnie avant de s'élancer avec succès sur les océans. Pour Kito et Yves, ce stage était important quinze jours avant le départ de leur première course en double, car en plus d'augmenter leur taux de globules rouges, il s'agissait de commencer à construire une histoire commune après la décision relativement tardive de courir ensemble.
L'autre avantage de Serre Chevalier était d'y retrouver Luc Alphand, à la fois parrain et équipier occasionnel du trimaran.
Ainsi, les deux premiers jours d'activité se sont déroulés en sa compagnie avec la découverte pour nos marins des délices verticaux des "via ferrata" nombreuses dans la région.

Avec Luc au départ de la "via ferrata" du Bez.
 L'avantage des "via ferrata" est de pouvoir emmener ses amis dans des parois verticales sans de réelles compétences de grimpeur, et en toute sécurité, à condition de respecter des consignes élémentaires d'utilisation d'un matériel (baudrier et longes) également utilisé par les marins. C'est une véritable initiation à l'escalade et l'alpinisme, une plongée dans le monde du vertige qui demande de la concentration, de l'esprit d'équipe, du mental et du dépassement de soi. Idéal pour forger des amitiés durables... et des souvenirs impérissables.

L'équipage d'Actual dans la paroi de l'Aiguillette du Lauzet

Marche avec les vaches....
Marcher en altitude avec beaucoup de dénivelée faisait également partie du programme  afin de travailler le foncier et l'endurance. Ainsi :
Mardi : 10 kilomètres, 600 mètres de montée et 750 mètres de descente.
Jeudi : 23 kilomètres, 664 mètres de montée, 1172 mètres de descente.
Vendredi : 17,7 kilomètres, 955 mètres de montée, 1208 mètres de descente.

Kito au milieu des torrents

Nous avons fait aussi un peu d'escalade, car cela peut toujours servir lorsqu'il s'agit de gravir par mauvais temps un mât de trente mètres...!!! Une véritable initiation pour les deux marins qui devrait se poursuivre dans des voies plus longues et verticales, tant cette activité leur a plu.
Quelques belles rencontres aussi au gré de nos chemins de randonnée. Franck Adisson, champion olympique de canoë en double, habitué du Trophée Mer Montagne et Anne Lise sa compagne ont marché avec nous toute une belle journée dans le Massif des Ecrins paré à l'occasion de ses plus belles couleurs d'automne.

Escalade au Pantalon
Rencontre avec les Adisson 
Après ces quatre jours complets de pérégrinations diverses et variées dans le Massif des Ecrins, nos deux marins vont retrouver la Bretagne, leur bateau et la mer pour un convoyage en double jusqu'au port du Havre, point de départ de la Transat en double. Je leur souhaite autant de réussite que celle connue par Franck Cammas et Thomas Coville à la suite de leurs voyages alpins. Mais ceci est une autre histoire.

La Belle Equipe en montagne, Yves, Franck, Eric, Kito


mercredi 18 septembre 2013

Ayubowan Sri Lanka !!! Voyage éclair....

La plage du Jetwing Blue à Negombo
Une invitation éclair venant de la compagnie d’aviation SriLankan Airlines pour participer à une présentation de ce pays est tombée lundi sur mon bureau.... Départ le jeudi suivant pour Colombo (rien que le nom me faisait rêver) et retour le dimanche à Paris. Je n’ai pas hésité un instant et préparé mon sac pour cette île du Golfe de Bengale appelée parfois «la larme de l’Inde» mais plus connue sous le nom de Ceylan. Une aubaine car c’est une destination que nous envisageons pour certains de nos clients voyageurs.

La ligne Paris Colombo est opérée par SriLankan Airlines  depuis 2009. On part de Paris dans l’après-midi pour atterrir à Colombo tôt le matin après onze heures de vol dans un Airbus A310 impeccable assorti d’hôtesses charmantes dans leur traditionnel sari vert émeraude.
En sortant de l’avion on sait tout de suite qu’on est en zone tropicale humide, tant la chaleur moite est palpable. Mi septembre c’est encore la mousson, cela promet un séjour particulièrement arrosé.



Après des formalités douanières rapides (le visa tourisme pour le Sri Lanka coûte 25 euros et peut être obtenu «online» deux jours avant le départ), un court transfert en minibus nous dépose à l’hôtel Jetwing Blue situé sur le bord de mer de Negombo, petit port de pêche traditionnel devenu au fil des ans la station balnéaire de Colombo. C’est un établissement 5 étoiles de 100 chambres, très moderne toutefois un peu trop classique, avec comme originalité sa longue piscine installée à même la plage et encadrée de grands cocotiers que le vent violent courbe aujourd’hui jusqu’au sable....Chambres vastes, claires et aérées, personnel impeccable et souriant, cet hôtel fait partie d’une chaine importante riche de 16 établissements tous haut de gamme mais de tailles différentes et répartis sur l’ensemble de l’île avec une prépondérance sur la côte ouest.


Trois jours c’est court dans un pays aussi riche de beaux paysages et de sites culturels tous aussi magiques les uns que les autres. Mais, la courtoisie et la diligence de nos hôtes sri lankais nous ont permis de bénéficier d’un aperçu de lieux intéressants à faire découvrir à nos clients.


Le bord de mer est loin d’être négligeable. Si les plus belles plages sont situées sur la côte est, celles de la région de Negombo ont beaucoup de charme, même quand la tempête fait rage comme aujourd’hui et fait voler le sable mêlé d’embruns. Je les ai longées vers le sud jusqu’aux modestes maisons de pêcheurs où sèchent des filets multicolores posés à même le sol boueux autour desquels errent de faméliques chiens jaunes. J’ai parcouru les ruelles tortueuses, croisé des gamins au sourire moqueur, surpris des femmes aux saris éclatants sortant d’une église baroque, discuté avec des pêcheurs ridés, édentés, fiers de me montrer leurs bateaux traditionnels , pirogues catamarans, les ancêtres de nos multicoques de course.



Une autre journée d’exploration nous a permis d’appréhender l’intérieur montagneux du pays. Nous avons roulé en minibus jusqu’à Kandy, l’ancienne capitale historique incrustée dans un cirque de montagnes recouvertes par la jungle, mélange de maisons coloniales «so british» et de bâtiments tamouls éclatants de lumière. 


Une visite à la gare nous a fait regretter de ne pas avoir pris le train et évité ainsi la circulation dense et anachronique des routes locales. C’est en fait un moyen efficace de se déplacer dans le pays, soit en se mélangeant à la population locale, soit plus confortablement en privatisant un wagon du célèbre «train du roi».



Nous avons ensuite emprunté un 4X4 pour monter à plus de mille mètres d’altitude jusqu’aux plantations de thé, en utilisant des routes étroites , tortueuses, inondées par la pluie. Et là, nous avons découvert le domaine historique d’un certain James Taylor qui implanta en 1862 sur ces plateaux élevés le futur fameux thé de Ceylan. Nous avons visité la majestueuse maison de maître blottie dans son écrin luxuriant de verdure et surtout la manufacture de thé, imposant bâtiment de trois étages, dressé depuis un siècle et demi au milieu des  collines vertes de la jungle aux éléphants, dans lequel le processus de transformation des petites feuilles vertes mis au point par cet anglais n’a toujours pas changé.





En rentrant à Colombo pour attraper l’avion du retour, nous nous sommes arrêtés dans une autre magnifique demeure, cingalaise cette fois ci, pour prendre le thé avec la propriétaire et approcher dans la jungle alentours des éléphants en semi liberté occupés à un dîner de palmes et de bambous... Il aurait été bien sûr dommage de venir au Srilanka sans passer un moment auprès de ces sympathiques pachydermes qui sont l’emblème du pays.




En résumé, cette visite éclair, ma première au Sri Lanka, m’a conforté dans mon idée d’organiser des voyages d’incentive là-bas. Après une parenthèse de 27 ans (!) due à une terrible guerre civile, le pays s’ouvre de nouveau au tourisme, ce qui laisse beaucoup d’idées d’activités originales et de solutions d’hébergements authentiques et souvent luxueux.
En fait, je me suis aperçu que peu de gens étaient capables aujourd’hui de situer précisément cette île sur une carte du monde !!!  C’est plutôt bon signe et il faut en profiter.


samedi 20 juillet 2013

Tournage pour Quechua avec Anselme Baud


Anselme, Eric, une amitié indéfectible....


Dans le cadre de mon contrat de conseiller technique pour les marques Quechua Simond, il était prévu de tourner quelques images d'alpinisme pour illustrer un reportage sur mes activités en montagne.

Nous avons profité du beau temps régnant sur le massif du Mont Blanc pour effectuer ce tournage au dessus de Chamonix. Il me fallait un compagnon de cordée, guide de surcroit. J'ai donc choisi mon ami Anselme Baud, non seulement une "figure" de la vallée, skieur et alpiniste émérite, professeur à l'Ecole Nationale de Ski et d'Alpinisme, mais surtout un fidèle compagnon d'aventures qui m'a fait découvrir le ski hors piste dans son fief de Morzine voici plusieurs dizaines d'années et avec qui j'ai vécu cette épopée de l'Everest qui a marqué ma vie.

Accompagnés d'une équipe de tournage minimaliste et discrète, nous avons vécu une belle matinée de montagne sur le granite pur de l'Eperon des Cosmiques avec en arrière plan l'extraordinaire panorama sur les trois Mont Blanc, les Aiguilles de Chamonix, et tous les autres sommets mythiques de l'endroit.
Grimper avec Anselme, c'est revisiter la montagne, ses légendes et ses histoires. C'est aussi  l'occasion de découvrir de nouvelles ficelles techniques que seule une vie passée à courir les massifs du monde entier peut apporter....

Un grand merci encore à l'équipe de tournage : Simon le cadreur-grimpeur-skieur et Manu, guide expert de la Compagnie des guides de Chamonix....

dimanche 7 juillet 2013

Juin 2013-Repérages en Egypte





Vous me direz que c’est assez osé de programmer un voyage de reconnaissances en Egypte  alors que l’instabilité politique grandit dans ce pays!
En réalité, comme dans beaucoup d’autres états (y compris chez nous en France), la réalité est toute autre lorsqu’on s’écarte des grandes agglomérations. En l’occurrence, l’objet de mon voyage concernait les oasis du sud ouest et le désert avoisinant situés à plus de 400 kilomètres du Caire et bien loin de toute agitation.
Entre les oasis de Baharia Bawiti, Farafra et Kharga, j’ai parcouru plus de 500 km dont la moitié à travers une impressionnante mer de sable, on dirait figée éternellement dans une succession de vagues escarpées de couleur dorée. Une immensité désertique, vraiment désertique, sans aucune trace d’eau, donc sans vie, où ne vivent pas le moindre arbuste, pas le moindre animal, serpent, oiseau ou insecte.... Un grand silence, une majestueuse immobilité, seul troublés par le lent murmure du vent du désert, un rare privilège dans notre monde perturbé. 
Ainsi pour deux jours nous nous sommes immergés dans le désert, une petite équipe de quatre , un égyptien, deux bédouins, un européen. Nous avons suivi,  en nous ensablant souvent, cette ancienne piste des caravanes devenue la piste des Anglais en 1932 et ayant servi pendant la dernière guerre mondiale à la reconquête de l’Egypte par les troupes alliées venant du Sud. A moitié recouverte par les dunes de sable, elle n’est guère empruntée de nos jours et nous n’avons croisé âme qui vive.



Au coeur des oasis, miracles de verdure dans cette effroyable sécheresse, j’ai découvert dans les villages, grâce à mes amis bédouins, de superbes petits hôtels sahariens construits en pierres sèches et en briques de terre chocolat aux chambres accueillantes, havre de fraicheur inestimable dans la chaleur torride du mois de juin.


Bien loin des guerres politiques et religieuses qui endeuillent ce beau pays si riche de culture et d’histoire, j’ai pris le thé et partagé les frugaux repas des habitants ravis de mon passage, rare touriste européen à se risquer aujourd’hui dans leur pays.

Au moment où j’écris ces lignes, l’armée égyptienne a repris les rênes du pouvoir par le biais d’une sorte de coup d’état militaire, on peut appeler cela comme ça ! Je ne sais que penser, j’espère tout simplement que ce putsch attendu rendra une sorte de stabilité à ce pays extraordinaire et lui permettra de retrouver les mannes du tourisme, sa principale ressource économique.


dimanche 9 juin 2013

Convoyage rapide à bord du Multi 50 Actual




Les multicoques de la Classe 50 sont vraiment de super bateaux de course. C’est ce à quoi je pense en marchant le long des pontons de l’America Cup Marina de Valence où nous venons d’amarrer Actual après un convoyage de 1300 milles menés tambour battant depuis La Trinité sur Mer, afin d’être au départ de la Route des Princes nouveau tour d’Europe à la voile.

Départ de La Trinité. Yves à La Teignouse.

Ils ne sont ni trop grands ni trop petits, ne coutent donc pas trop chers et ne demandent pas une équipe technique trop importante. Ils sont rapides et simples, offrent de belles sensations de vitesse et n’ont pas grand chose à envier finalement à leurs grands frères et concurrents les MOD 70. 

Luc Alphand, skieur, pilote, marin.....

Ainsi, nous avons mis un peu plus de cinq jours pour faire le grand tour de l’Espagne en venant de Bretagne, à quatre à bord, sans forcer notre talent ni celui du bateau, avec des conditions il est vrai favorables mais sans excès : en effet nous avons connu quelques «trous de vent» au milieu du Golfe de Gascogne, devant Lisbonne et surtout le dernier jour, où nous avons erré dans des calmes blancs après avoir passé le Cap de Gate .

Au large des côtes espagnoles

Nous étions quatre à bord, Yves Le Blévec, skipper, Ronan Deshayes, préparateur/navigateur, Luc Alphand et moi-même équipiers pour ce convoyage. Une petite équipe qui se connait bien, puisque Luc, le parrain du bateau, a choisi ce support pour progresser dans son nouveau pari sportif devenir un bon coureur océanique, et que Ronan, Yves et moi-même avons couru ensemble et gagné la course Vendée-St Pétersburg en 2010.

Luc Alphand, Ronan Deshayes.

Actual a été conçu par son skipper pour briller avant tout dans les courses en solitaire. D’ailleurs, la Route du Rhum 2014 est son principal objectif. Pour cette raison, à quatre à bord, on se marche un peu les uns sur les autres lorsqu’on est réveillés tous ensemble, aux changements de quart par exemple. L’espace de vie se concentre dans le boyau étroit de la coque centrale entre l’avant du puits de dérive et la cloison étanche arrière, bref, cinq à six mètres où il faut caser la cuisine minimaliste, la penderie à cirés et la table de navigation, plus un espace pour dormir allongé, voire recroquevillé en chien de fusil....matossage oblige ...!!!! De même le plan de pont est organisé pour naviguer seul , ce qui complique un peu les manoeuvres en équipage. 

Cuisine minimaliste ......

Mais tous ces petits désagréments s’oublient vite lorsqu’on pilote le bateau d’un des deux postes de barre bien excentrés sur le bras de liaison arrière et protégé des embruns par une capote en plexiglas. Quelle que soit l’allure et la force du vent, le trimaran est agréable avec une barre ferme qui permet de le placer idéalement dans les vagues. Une fois encore dans la mer courte de la méditerranée à partir de Gibraltar, avec 30 noeuds de vent bien établis, nous avons pu tester son aptitude à bien glisser en toute sécurité grâce à des flotteurs remarquablement bien dessinés.

Amarrés au quai de l'America Cup Marina à Valencia.



Amarrés au quai d’honneur de l’America’s Cup Marina à Valence, nous retrouvons deux des quatre Multi 50 engagés dans la course dont le tout nouveau bateau de Lalou Roucayrol. La course part dans 10 jours pour Lisbonne, la première étape. Les autres concurrents vont se succéder dans le jours qui viennent et en particulier les MOD 70 ainsi que le maxi trimaran Prince de Bretagne de Lionel Lemonchois. De quoi faire une belle régate même si on peut regretter les forfaits de bateaux et skippers attendus depuis l’annonce de la course. Un mal récurrent dans le monde de la course au large.

dimanche 2 juin 2013

Voyage extraordinaire au Groenland à bord de La Louise


Après les déserts brûlants de sel du désert Ethiopien et l’ascension du volcan Erta Alle,  un sublime retour au Népal sur mes pas de l’Everest, les fjords norvégiens, la Namibie enfin avec l’escalade du Spitkoppe le «Cervin de l’Afrique», mon petit groupe d’amis-clients-aventuriers m’avait demandé cette fois-ci de les emmener naviguer et skier au Groenland afin de perpétuer nos voyages extraordinaires.

Ce fameux «Greenland» découvert dans les années 600  par le viking Eric Le Rouge et nommé par lui «Pays Vert» pour attirer les colons, vert grâce à un bras du Gulf Stream égaré qui baigne quelque peu les côtes sud du continent. Car c’est un continent, mais bien un continent de glaces et de rocs où l’herbe est rase et rare, proche de la toundra, quand elle n’est pas recouverte de glace. Sans conteste, cet Eric Le Rouge était un bon «marketeur» avant l’heure...

En venant de Paris, il faut faire une escale à Copenhague, puis décoller le lendemain pour Kangerlussac, une ancienne base stratégique de l’OTAN datant de la guerre froide possédant une piste digne de ce nom, et prendre enfin un petit avion pour gagner Nuuk la capitale, où nous attend notre bateau. Tout cela prend un peu de temps, le voyage dure à peu près 48 heures,  (il ne faut pas ce méprendre, la côte ouest du Groenland, c’est loin, le pays étant presque collé au continent américain), mais l’énorme décalage que procure les premiers pas dans ce village du bout du monde peuplé d’esquimaux inuit et où l’on s’attend à voir surgir un ours blanc à chaque coin de rue fait oublier la longueur du périple.




A Nuuk nous découvrons notre bateau La Louise qui nous attend au fond du port de pêche, coincé entre deux chalutiers rouillés, et Thierry Dubois son skipper qui vient nous accueillir sur le quai accompagné de sa seconde la jolie Allieth.
La Louise, c’est toute une histoire....Et une belle histoire!!! Son capitaine l’a construite de ses mains dans un hangar de la rivière d’Etel après avoir mis un terme à sa carrière de coureur océanique. Et Thierry n’est pas n’importe quel marin, puisqu’il a remporté la Mini Transat avant de parcourir 3 tours du monde et demi en participant à 4 courses autour du monde en solitaire.... Le demi tour du monde est dû à un sévère chavirage dans l’Océan Indien qui aurait pu très mal tourner. (Lire le récit dans le livre «Chavirés»). Quatre années de labeur pour aboutir à un bateau magnifique , une goélette de 60 pieds (18m30) où tout a été pensé et repensé pour organiser une expédition comme celle à laquelle nous allons participer .


L’objectif est de naviguer dans les fjords de trouver des mouillages abrités le plus proche possible de la berge afin de pouvoir débarquer facilement et partir skier, grimper, explorer. Ici, nous avons vraiment l’impression d’être des explorateurs....En effet pendant les 9 jours de notre périple, nous ne croiserons quasiment personne, seul un petit bateau de pêche venu nous aborder pour nous proposer du poisson alors que nous étions au mouillage près d’un hameau désert de quelques maisons.


Je ne vous raconterai pas ici toutes nos ascensions. Nous en avons réalisé une par jour, sauf en milieu de semaine où une rude tempête de sud ouest amenant grand vent et neige volant à l’horizontale, nous a forcé à rester toute une journée enfermés dans notre navire bien à l’abri au fond d’un fjord encaissé. Même si le manteau neigeux n’était pas très épais cette année, d’une façon tout à fait inexpliquée et au contraire de chez nous l’hiver a été plutôt doux au Groenland, nous avons toujours trouvé de la bonne neige en face nord avec quelques jolis couloirs descendant jusqu’à la mer. Chaque matin nous partions pour 800 à 1300 mètres de montée en peaux de phoque jusqu'à atteindre des sommets pour la plupart jamais gravis.... «où la main de l’homme n’a jamais mis les pieds», selon l’expression consacrée.... D’ailleurs nous en avons baptisé l’un «Pic La Louise» et l’autre «sommet Jean Maurel», en souvenir de notre camarade trop tôt disparu, voici un an déjà....
Redescendus jusqu’à la mer en début d’après midi, nous étions ramenés à bord par Allieth et son zodiac pour une brève collation prise en commun dans le vaste et confortable carré. Il s’agissait alors de choisir et gagner un nouveau mouillage propice à la randonnée du lendemain, ce que nous faisions la plupart du temps en utilisant le moteur car les vents sont souvent faibles et capricieux au fond des fjords.



La Louise est le bateau idéal pour ce genre de voyage. Le large cockpit est fermé par un abri en toile où l'on peut quitter ses chaussures de ski avant de descendre à l'intérieur. A bord tout est prévu pour faire sécher les affaires mouillées dans une penderie prévue à cet effet, un large et confortable carré permet de passer du temps agréable à lire, écrire ou deviser en écoutant de la musique. Les couchettes sont étroites mais douillettes, il y a une douche chaude pour ceux qui désirent se laver et un poêle ronronne en permanence pour maintenir une température correcte. 
Le skipper est bien entendu compétent en navigation mais aussi, et c'est une bonne surprise, derrière les fourneaux, ainsi à bord de La Louise on est bien loin des sempiternels repas tout préparés des courses en solitaire....
A onze à bord, y compris l'équipage, nous craignions d'être serrés comme sardines en boîte, mais finalement il n'y en a rien été, grâce à l'excellente disposition des espaces de vie à bord.



Nous vous suggérons donc fortement de partir comme nous naviguer avec Thierry Dubois sur La Louise, en Norvège, en Islande ou au Groenland. Pour le joindre, c'est facile, il reçoit des mails et y répond à l'adresse suivante : dubois.solidaire@orange.fr




mercredi 3 avril 2013

Une nouvelle belle histoire....





Grâce au Trophée Mer Montagne que j’ai imaginé au moment de mon propre passage de la régate à l’alpinisme, des liens étroits se sont tissés entre marins et montagnards, liens auxquels je ne pouvais pas moi-même échapper..!!

Après avoir renoué avec Luc Alphand et participé à ses côtés à son initiation à la compétition à la voile,  je rencontrais Aurélien Ducroz, l’un des meilleurs rider mondial qui, à son tour, me faisait part de son envie de naviguer et de découvrir le grand large et de nouveaux horizons. Après une première saison probante en Mini 6,50 et une première traversée atlantique en Class 40, son goût s’étant affirmé, Aurélien me confiait son projet de courir le prochain Vendée Globe. Il décidait ainsi de rentrer dans une autre dimension avec ces monocoques de 60 pieds très exigeants et surtout avec une plongée dans l’univers stressant et toutefois magique des mers du sud. Après en avoir parlé à Luc ,bien décidé lui aussi à poursuivre son expérience de coureur océanique, nous avons rapidement décidé de nous associer tous les trois dans ce captivant projet mer - montagne, l’objectif étant d’additionner nos compétences pour trouver un financement, naviguer ensemble et emmener Aurélien au bout de son rêve de tour du monde en solitaire.

Ce programme pourrait commencer dès l’automne 2013, si par bonheur nous pouvions déjà acquérir un bateau, ce qui permettrait à Aurélien et Luc de faire équipe ensemble dans la Transat Jacques Vabre, me réservant moi-même le rôle de coach et d’entraineur.
Dans tous les cas, nous naviguerons en 2014 avec pour objectif de préparer Aurélien à la Route du Rhum en solitaire, puis à la Barcelona Race qu’il courrait avec Luc l’année suivante, avant le grand rendez vous du Vendée Globe 2016.

En ce début du mois d’Avril, nous voici donc tous trois retroussant nos manches pour enchainer les rendez vous de sponsors et partenaires potentiels, avec le soutien de Nathanaël Fresnois (Winter Sport Consulting) et Karen Allais (Links Communications) afin de trouver un financement et acquérir un bateau pour nous lancer dans la grande aventure. 

« Avec Aurélien, nous partageons les mêmes passions, avons la même vision de la course et de l’aventure. Nous sommes tous les deux conscients que notre expérience est limitée par rapport à d’autres concurrents mais il faut bien faire ses armes un jour ! C’est pour nous deux le bon timing et nous avons la chance d’avoir Eric Loizeau à nos côtés pour ce challenge. Nous allons nous lancer à fond dans la préparation des courses en équipage et en double et soutenir Aurélien dans son programme en solitaire. C’est une belle histoire qui commence. » Luc Alphand

« Mon planning ne sera plus compatible avec celui du Freeride World tour surtout en terme de préparation. Je rentrerai en décembre de la Jacques Vabre : impossible d’être au départ d’une épreuve de Coupe du Monde de freeride en janvier. Les 6 étapes du circuit mondial s’enchainent au cours de l’hiver et j’aimerais consacrer plus de temps au tournage car j’ai de beaux projets de ce côté-là aussi, j’ai donc décidé d’arrêter, mais si je suis en forme et vu que l’envie est toujours aussi forte, je n’exclus pas de m’aligner sur quelques départs !
J’ai passé des moments incroyables sur le tour, ce n’est donc pas facile de tourner la page même si un magnifique défi m’attend côté voile. Je suis heureux d’avoir Luc et Eric comme équipiers car j’aime leur professionnalisme, leur motivation et nos objectifs sont communs. Ils seront aussi d’un soutien précieux pour la préparation des courses en solitaire. Mon aventure mer montagne se poursuit avec de très, très beaux projets».
Aurélien Ducroz

Aurélien Ducroz (champion du monde de freeride), Luc Alphand (champion du monde de ski, vainqueur du Paris-Dakar), Eric Loizeau (champion du monde de voile, summiter de l’Everest), trois hommes dans un bateau pour une nouvelle belle aventure.

dimanche 24 mars 2013

Un petit tour à Lisbonne





A l’occasion de la convention Biocodex des pays africains organisée par Elovoyagers Vatea et pour laquelle j’intervenais avec une conférence sur le thème de la confiance et de la performance.

En plus de passer de bons moments en compagnie des participants venus de tous les coins de l’Afrique francophone, de Madagascar à l’Algérie en passant par le Togo ou le Sénégal, j’ai pu déambuler dans les rues de cette belle ville que j’aime tant, peut-être la préférée de mes capitales. 
Lisbonne est en effet une ville maritime et je ne suis qu’un marin....!
Toutes ses rues, toutes ses avenues descendent vers la mer et sont baignées du vent salé de l’océan atlantique ainsi que des odeurs poivrées des grillades de poulpes ou de sardines.  Lisbonne est une ville de marins dont les plus célèbres ont pour noms Vasco de Gama et Magellan et tout rappelle ici que les Portugais ont été les plus grands découvreurs de notre planète. C’est pour cela probablement que je m’y sens à l’aise même si je ne maitrise pas un mot de la langue. 
Ainsi, j’imagine en marchant dans les ruelles méticuleusement pavées près des docks les sombres caravelles attendant à quai leurs équipages de matelots à la peau bistre, parées à s’envoler vers d’improbables aventures qui n’ont plus leurs pareilles aujourd’hui. Et cela est vrai même pour l’Everest ou nos tours du monde en solitaire par le Cap Horn, car l’inconnu de nos jours sur notre terre n’existe plus. Faut il le regretter et rechercher comme certains l’aventure et son mystère dans d’autres galaxies ?

vendredi 15 février 2013

MES CONFERENCES CORPORATE


MON EXPERTISE

Je suis d’origine bretonne par mes parents.
Je tire mes premiers bords en voilier dès l’âge de 7 ans. Les 30 années suivantes de ma vie se passeront proches de la mer et de la compétition à la voile :
De 7 à 14 ans je navigue sur les dériveurs de l’époque (Vauriens et Cavale, le célèbre Optimist n’étant pas né…) et en solitaire sur le croiseur familial. Je passe ensuite mes vacances à courir sur des bateaux de chantier divers championnats du monde de course au large et entame même une préparation olympique. En 1974, militaire au Bataillon de Joinville, j’intègre le prestigieux équipage du Pen Duïck VI d’Eric Tabarly avec lequel je navigue pendant 3 ans.
En 1977, Tabarly me prête son bateau pour courir la seconde Whitbread, unique course autour du monde en équipage de l’époque. Le bateau rebaptisé Gauloises II se couvre de gloire en remportant 2 étapes sur 4 dont celle du Cap Horn.
En 1989, je décide d’arrêter la compétition à la voile pour me consacrer à l'alpinisme. Mon palmarès nautique est bien rempli :
  • Elu meilleur skipper de l’année en 1978.
  • Recordman de l’Atlantique en solitaire sur le trimaran Gauloises IV en 1982.
  • Vainqueur de la Transat en double 81 et de la Route du Rhum 82 (classe 4) avec ce même bateau.
  • Champion du Monde des multicoques océaniques avec le maxi-catamaran Roger et Gallet en 1986.
  • Vainqueur de la Transat en double Rouen-NewYork 86 (Route de la Liberté) .
  • Second de la Transat en double 89 Lorient-St Barth-Lorient  sur le maxi-trimaran Duel-Aigle.
  • Vainqueur de 15 Grands Prix de multicoques entre 1980 et 1989 avec Gauloises IV et Roger et Gallet.
Depuis, installé à Serre Chevalier (Hautes-Alpes), je cours les montagnes après avoir brigué régulièrement  les premières places des grands raids aventure  (4 Raids Blancs, 1 Raid Gauloises, 2 Elf Authentique Aventure…)

Le 23 mai 2003, à 8h30  du matin, je réussi à atteindre le « toit du monde » soit l’Everest à 8850 mètres d’altitude, malgré une météo épouvantable.


Sommet de l'Everest le 23 mai 2003 8h30



MES MOTS CLÉS DE LA PERFORMANCE:



J’utilise dans l’univers des courses au large, des raids et des grandes expéditions en montagne des «mots clés de la performance» que l’on retrouve à l’identique dans le monde de l’entreprise :

  • ESPRIT D’ÉQUIPE
  • STRATÉGIE
  • ANALYSE
  • ORGANISATION
  • ADAPTATION
  • PATIENCE
  • LUCIDITÉ
  • PERSEVERANCE
  • TRAVAIL
  • RESULTATS

Lors de mes interventions "corporate", je montre par des exemples vécus les correspondances implicites avec le monde de l'entreprise.



ESPRIT D'EQUIPE

Un partenaire avait nommé ainsi son projet pour la course autour du monde de1989. C’est dire l’importance de l'équipage dans ces compétitions longues et dures pendant lesquelles les hommes doivent aller au bout d'eux-mêmes pour l’emporter. La constitution de cette équipe est fondamentale. Elle varie bien entendu selon le type de course envisagé. Chaque skipper a sa méthode car ses choix influent sur le fonctionnement de son équipe en mer. 


Océan Indien sur Gauloises 2 en 1977

En 1977, dans la seconde édition de la course autour du monde, nous partions avec GAULOISES II pour une aventure que je prévoyais difficile : bateau léger, très bas sur l’eau et peu habitable (hauteur sous barrots** de 1m65), 4 étapes longues d’environ 40 jours chacune dans des mers inconnues, peu de moyens de communication, aucun moyen de localisation (la balise ARGOS n’existait pas), Mon premier critère a été de choisir 8 équipiers capables de cohabiter ensemble longtemps dans des conditions extrêmes : le noyau de mon équipage fut donc constitué de personnes avec lesquelles j’avais auparavant longtemps navigué. Je privilégiais ensuite la polyvalence. En gros, chacun devait pouvoir barrer le bateau et régler correctement les voiles. Ensuite, chacun se partageait à tour de rôle les tâches ingrates du bord (cuisine, vaisselle, rangement) et était spécialiste (et responsable) d’un secteur d’activité (voiles, accastillage, gréement, mécanique, navigation…) L’équipage se relayait sur le pont par bordées (équipes) de 4 pour des quarts de 4 heures. En tant que skipper, j’avais adopté un fonctionnement « hors quart » afin de garder ma lucidité pour toutes les décisions importantes et superviser aussi la vie de mon équipage. Je m’occupais de la navigation et de la tactique, participais à toutes les manœuvres sur le pont et relayais les barreurs dans les moments délicats.
Cette organisation inspirée de ce que j’avais connu avec TABARLY à bord de PENDUICK VI a porté ces fruits puisque nous avons remporté 2 des 4 étapes de la course.  Malgré les problèmes que nous avons rencontrés (1 gouvernail cassé, 2 chavirages, 1 cyclone) l’équipage a toujours trouvé les ressources pour s’entraider, se dépasser pour faire avancer le bateau au maximum et garder confiance dans l’avenir.


Savoir barrer dans n'importe quelle condition...

Le rôle du skipper dans l’entretien permanent de cet esprit d’équipe est prépondérant. Pour être respecté et suivi, il doit être exemplaire : être sur le pont dans les moments difficiles, participer aux tâches ingrates, passer des nuits sans dormir, etc…De même, sans être le meilleur partout, il convient de ne pas avoir de lacunes techniques:  si le bateau perd 1 nœud de vitesse et 5 degrés de cap lorsque le skipper barre, c’est assez ennuyeux… 
Nous avons repris ce système dans la constitution de notre équipe de raid. Nous sommes 4 polyvalents, capables de marcher longtemps sans beaucoup dormir ni manger, de grimper, de pratiquer le cheval, les sports d’eau vive, le roller, la voile, le VTT. Selon nos aptitudes, nous nous répartissons les tâches: navigation, technique, nourriture, soins. Chacun ensuite apporte sa propre spécialité : Gilles l’eau vive et le VTT, Daniel l’escalade, Carine le cheval et les sports de glisse, et moi la navigation…Contrairement aux équipages de bateau les décisions peuvent se prendre en commun parce que nous ne sommes que quatre. Mais de toutes les façons, en dernier lieu c’est toujours le Capitaine qui tranche…


STRATEGIE


La compétition ne doit rien laisser au hasard. Dans les courses à la voile, comme dans les raids, il faut essayer de reculer au maximum les limites de l’aléatoire : pour cela il faut bâtir une stratégie. Cette stratégie est fonction de la connaissance de la concurrence, de la connaissance de ses propres qualités et limites et des moyens techniques dont on dispose. Ainsi, on cherche à exploiter au mieux les prévisions météo et les faire correspondre à ce que l’on observe sur place, on essaie de limiter les risques de casse et les fatigues inutiles, on cherche à se positionner au mieux par rapport à ses concurrents, on essaie d’obtenir le maximum de renseignements sur l’état physique de ses adversaires, on adapte ses efforts en fonction de la route qui reste à parcourir et de la forme de son équipe. La mise en place de ce type de stratégie demande une organisation sans faille. 
C'est exactement la même problématique dans le business.

Importance de la navigation en rallye raid.

ANALYSE


Comme dans le monde des affaires, en voile ou en raid, il importe de bien connaître ses concurrents, leurs qualités et leurs faiblesses. Observation et analyse sont donc des facteurs importants de réussite. Très tôt avec GAULOISES, nous avions installé au sein de notre équipe une « veille technologique » qui nous permettait de connaître, dans le mesure du possible (car les secrets sont souvent bien gardés), les innovation techniques des bateaux concurrents (en matière de voiles, gréement, électronique, accastillage). Ainsi, pendant toutes mes courses de bateau je conservais avec moi des notes et des observations techniques sur mes principaux adversaires :  performances des bateaux selon les allures et la force du vent, qualités et défauts des skippers et des équipages….Ces notes étant le fruit d’observations précises en mer mais aussi à terre.

ORGANISATION

Cette organisation qui permet la victoire est le fruit d’une équipe soudée. La course en solitaire en est le meilleur exemple. Le vainqueur de la Route du Rhum se situe au sommet d’une pyramide d’individus tous performants dans leurs spécialités respectives : l’architecte et les ingénieurs qui ont conçu le bateau, le maître voilier qui a construit le « moteur », les équipiers préparateurs qui ont aidé à la mise au point, le préparateur physique et le diététicien, l’ingénieur météorologue, le tacticien… Le skipper en est le chef d’orchestre et en assure la coordination. C’est cette équipe entière qui doit être félicitée dans la victoire du bateau et de son skipper.

De même dans les grands raids une équipe n’est pas constituée uniquement par ceux qui courent. L’assistance est fondamentale. Nos bonnes performances aux Philippines et au Brésil dans l’Elf Authentique Aventure ont été favorisées par nos 3 coéquipiers toujours à l’heure aux points d’assistance, avec le bon matériel, la bonne nourriture et les soins appropriés.


L'équipe du trimaran RG45


ADAPTATION

S’adapter aux conditions de la mer et du vent, c’est comme pour l’entreprise s’adapter aux conditions du marché. La voile en compétition est un sport difficile, car pour aller vite sur l’eau, il faut sans cesse adapter son bateau aux conditions changeantes de mer (vagues plus ou moins grosses, orientées différemment par rapport à la marche du bateau), aux variations de force et direction des courants, d’intensité du vent, etc…En mer comme en raids, c’est aussi adapter son équipage ou son équipe aux conditions rencontrées : raccourcissement des quarts dans le mauvais temps, choix des moments de repos ou de sommeil selon les conditions rencontrées dans les raids. 
Notre réussite à l'Everest en 2003 a été due principalement à notre faculté d'adaptation aux conditions météorologiques exceptionnellement mauvaises ce printemps et à notre changement drastique de stratégie.

Retraite à l'Everest dans le mauvais temps

PATIENCE


C’est un principe de base dans la navigation à voile. Il faut savoir attendre le retour du vent dans les calmes ou les accalmies dans les tempêtes, car la météo est vite changeante en mer (comme en montagne) : en 1986, pendant la Transat en Double Rouen–New-York, nous avons fait « le gros dos » à la cape pendant 24 heures face à une énorme tempête dans l’Atlantique Nord avant de repartir pour l’emporter. En 2003, nous avons attendu pendant quinze longues journées dans la solitude carcérale des camps d'altitude un semblant d'accalmie, avant de tenter (et réussir) les 8852 mètres du Toit du Monde. 
Patience rime souvent avec Adaptation et Persévérance. C’est aussi un « mot-clé » de l’entreprise.

LUCIDITE

Ce n’est pas une expression de marin, mais il est toujours important de «garder les pieds sur terre». Autant il ne faut pas céder au découragement dans l’adversité, autant il ne faut pas pécher par excès d’euphorie dans les moments de réussite. Une régate transocéanique, un raid, une ascension sont des épreuves de longue durée soumises à de nombreux facteurs. Doubler un concurrent peut être simplement le fait d’un problème technique ou météorologique le concernant. C’est un manque de lucidité dangereux que de l’attribuer systématiquement à ses propres performances, d’où l’importance de l’analyse et de la réflexion. 
Un des problèmes de la haute altitude est cette perte de lucidité qui peut s'avérer mortelle. Sur l'arête sud est de l'Everest à 8600 mètres d'altitude dans le vent et la tempête, je me demande encore si ce n'est pas ce dangereux manque de lucidité qui m'a permis de continuer....


L'arête SE de l'Everest le 23 mai à 7h00

PERSEVERANCE


Une course n’est gagnée …ou perdue, qu’une fois la ligne d’arrivée franchie. Jusqu’au dernier moment des retournements de situation incroyables peuvent se réaliser : en 1985, dans la Route de la Découverte (Transat en équipage) le démâtage du catamaran ROYALE à 5 milles (10 km) de l’arrivée nous a permis de prendre une troisième place inespérée. Dans les raids également, tout peut arriver. Des conditions défavorables peuvent devenir favorables et réciproquement. Dans la première édition de l’Elf Authentique Aventure aux Philippines, nous sommes passés de la quatrième à la première place lorsqu’un mal mystérieux a frappé les 3 premières équipes… Il ne faut donc jamais se décourager.

Notre équipe de raid à Nouméa

TRAVAIL


Pour atteindre la performance, il faut beaucoup travailler. En effet, cela demande d’augmenter son niveau de compétence, non seulement dans sa spécialité mais aussi dans les autres. Le terme « besogneux » n’est pas très élégant mais proche de la réalité, car progresser demande du travail, quel que soit le niveau de ses aptitudes. A un haut niveau, le talent ne suffit pas. Le footballeur Zinédine ZIDANE  avait peut-être au départ moins de qualités que d’autres. S’il est devenu le meilleur footballeur du monde c’est parce qu’il n'avait de cesse de travailler et de retravailler son art…et de se remettre en question.

Zizou avec nous en 2006 au sommet de la Grande Motte

RESULTATS
  •  En 1978, après notre victoire à Rio, il nous a été plus difficile de reprendre nos tâches de préparation que quelques semaines auparavant à Auckland, car nos malheurs de la seconde étape nous avaient sur-motivés pour la suite de la compétition. Ainsi, pendant l’escale d’Auckland, l’équipage est resté soudé de l’arrivée jusqu’au départ, travaillant d’arrache pied au chantier pour remettre son bateau en état. 
  • A Rio, nous étions beaucoup plus dispersés, nous avions pris quelques jours de vacances, bref, nous étions moins “ morts de faim ”. Je me souviens d’une laborieuse mise en route tout au long des premiers jours de course. Heureusement, nous nous sommes bien repris ensuite et cela a rendu la victoire suivante plus étonnante encore. 

VICTOIRE

“Seule la victoire est jolie”. Cette phrase a été prononcée par Michel MALINOWSKI battu sur le fil par Mike BIRCH à l’arrivée de la Route du Rhum 1978. 
C’est vrai que gagner est un vrai bonheur. C’est l’accomplissement, l’aboutissement et la récompense de toute une équipe.
 Mais, prudence, car elle possède son ambiguïté.
En effet, la Victoire ne doit pas effacer tous les problèmes rencontrés techniques ou humains, gommer toutes les souffrances endurées. Ainsi, l’état d’euphorie engendré par la victoire (ou la réussite de l’entreprise) ne doit pas faire perdre lucidité et sens de l’analyse. 

Ainsi, la Victoire doit être gérée correctement pour devenir un vrai succès.